Pour continuer sur ce sujet.
Généralement, les néophytes en thermique se focalisent sur le résultat obtenu. Ca me fait souvent ca par exemple sur des étudiants lors de leur premier cours de calcul thermique. Si à la limite, les logiciels pouvaient sortir un besoin de chauffage avec deux chiffres après la virgule, ils trouveraient cela super...
Après, on peut réfléchir sur les incertitudes, c'est à dire sur les écarts que l'on peut constater entre par exemple un choix de données météo (il y en a très peu donc la station choisie est souvent pas très proche du lieu du projet), sur les hypothèses de vie, de fonctionnement des appareils, sur la manière dont les gens utilisent le bâtiment (est-ce que les volets sont ouverts en journée, fermés la nuit, est ce que les gens ouvrent pas trop, pas assez), est ce qu'ils partent en vacances en hiver ou pas, est ce qu'ils reçoivent du monde, quelles pièces ils utilisent, à combien ils chauffent, etc... Et puis les données que l'on utilise sont elles fiables ? Untel qui déclare une super conductivité thermique pour une laine minérale par exemple, c'est réaliste ? comment on prend en compte les migrations de vapeur et leur impact sur la continuité de la performance, les
ponts thermiques, les fixations et divers trous, et puis, est-ce bien posé, continu, sans flux d'air, etc...
La première réaction à l'addition des incertitudes est un peu comme certains climatosceptiques pouvaient dire "oui mais on sait pas prévoir le temps à une semaine et l'autre organisme machin, il nous dit combien la terre gagnera en température dans 100 ans". Qui ici est traduite "en fait le besoin de chauffage que vous me donnez, ca correspond à rien".
En fait si, c'est pertinent, parce que l'on recherche les tendances et la validation d'un ensemble. On cherche à apprécier le comportement thermique du projet pour en tirer des conclusions sur des préconisations d'amélioration. Le résultat obtenu en besoin de chauffage correspond à une donnée qui vaut comparée aux autres projets, que le thermicien sait interpréter car il connait les facteurs d'incertitudes et il les prend en compte.
Après, la pertinence de l'outil de calcul, je suis pas complétement d'accord avec nico (pour une fois

).
S'il est évident qu'un calcul thermique (par exemple la RT2005) ne vise pas à donner un résultat qui soit directement corrélé avec la future consommation du projet,
il doit se donner pour objectif à ce qu'en moyenne, ce soit le cas. Dans le cadre des bâtiments passifs par exemple, l'outil de calcul a été élaboré par rapport à l'instrumentation de bâtiments terminés qui ont servi d'étalons. Ils ont donc servi en amont pour déterminer le logiciel, et en aval, il faut rechercher la correspondance.
C'est à dire, sur 30 maisons passives, l'objectif est qu'en moyenne, le besoin de chauffe constaté soit inférieur à 15. Vous aurez des gens qui consomment 30, d'autres qui consomment 10. Mais la consommation médiane sera de 15. Si celle ci est à 25, alors il y a un problème logiciel qu'il faut corriger.
Le cstb et c'est sa grande faute, édite son logiciel en fonction d'une autre logique. Lorsque le BBC est sorti (pas sous l'impulsion du CSTB et de la DHUP je le rappelle, ils voulaient pas définir dans l'arreté plus haut que le THPE, c'est effinergie qui a milité pour, et c'était pas acquis d'avance), la première reflexion du cstb aurait du être, "est-ce que mon logiciel fonctionne sur les batiments basse conso", et d'effectuer cet étalonnage en calculant des projets bbc terminés en france ou ailleurs. Et d'effectuer les ajustements qui s'imposent pour donner une correlation.
Pareil sur le confort d'été, valider la pertinence du calcul, et du garde fou. C'est la base quoi.
l'OPECST, organe des assemblées législatives, qui s'est emparé du sujet de la
RT2012 au moment de la détermination des modulations liées aux énergies a d'ailleurs vertement critiqué le CSTB sur sa logique "notre calcul n'est qu'un calcul conventionnel, non prédictif", et leur a demandé de travailler dans une autre logique, qu'ils ont appellé le "rapport à la réalité".
Si aujourd'hui, quelques thermiciens s'indignent sur les textes sortis et les évaluations du moteur de calcul qui ont transpiré, c'est bien sur ce sujet la. Les résultats obtenus par le calcul rt 2012 sont d'un optimisme naif laissant à penser que l'expérience bbc n'a pas été retenue, et que les évaluations ne donneront pas en moyenne quelque chose de proche de la réalité. Et c'est un vrai problème, notamment quand vous vous basez sur une loi de ce type pour pousser les gens à emprunter plus, en leur promettant des factures énergétiques plus faibles. Le rapport à la réalité est dans ce cadre une nécessité, pas une option.