Bonjour,
Votre situation est malheureusement représentative d’un manque de coordination fréquent entre les différents intervenants dans un projet de construction, en particulier lorsqu’il s’agit de la gestion des risques liés aux sols argileux. En tant qu’expert en géotechnique, je peux vous confirmer que, dans une zone classée à risque fort de retrait-gonflement des argiles, certaines mesures de prévention sont non seulement recommandées mais parfois obligatoires, en particulier lorsqu’elles sont clairement énoncées dans l’étude de sol G1.
Lorsque l’étude G1 préconise, comme dans votre cas, la mise en place d’un trottoir périphérique de 1,50 m de large ou d’une géomembrane de même largeur, ainsi que d’un système de drainage adapté en cas de terrain en pente, ces dispositifs doivent être pris en compte dans le projet global de la maison. Leur objectif est de limiter les apports en eau au droit des fondations, ce qui est fondamental pour éviter les mouvements différentiels du sol (gonflements en période humide, retraits en période sèche), susceptibles d’endommager gravement la structure de l’ouvrage.
Le problème que vous décrivez est double : d’une part, le constructeur n’a pas intégré ces obligations dans votre contrat, et d’autre part, il vous renvoie la responsabilité, ainsi qu’au terrassier, pour leur mise en œuvre. Or, dans le cadre d’un contrat de construction de maison individuelle (CCMI), le constructeur est légalement tenu de livrer un ouvrage conforme aux règles de l’art, aux normes en vigueur, et aux prescriptions des études techniques fournies avant la signature du contrat. Si vous avez transmis l’étude de sol G1 avant la signature du CCMI, alors le constructeur avait l’obligation d’en tenir compte dans la conception, le chiffrage et la planification des travaux.
Vous n’avez donc aucune obligation de prendre ces travaux à votre charge, sauf si une clause très explicite dans votre contrat vous transfère la responsabilité de ces dispositifs, ce qui est très rare. Le fait que le constructeur vous renvoie vers le terrassier est une tentative de se défausser, mais juridiquement, cela ne tient pas : le constructeur est votre interlocuteur unique, responsable de la coordination et de la bonne exécution du projet dans son ensemble. Le terrassier, dans ce cas, n’a pas à prendre l’initiative ni la responsabilité de travaux qu’il ne maîtrise pas ou qui ne lui ont pas été clairement définis par le maître d’œuvre.
Vous êtes donc en droit d’exiger que ces dispositifs soient mis en œuvre conformément à l’étude G1, sans coût supplémentaire, à partir du moment où l’étude a été transmise dans les règles. Je vous recommande d’adresser un courrier recommandé avec accusé de réception à votre constructeur, en rappelant ce point et en vous appuyant sur l’article L.231-2 du Code de la construction et de l’habitation, qui encadre précisément les obligations du constructeur dans le cadre d’un CCMI. En parallèle, n’hésitez pas à vous faire accompagner par un avocat spécialisé ou par l’AAMOI, qui a une solide expérience de ce type de litiges.
En conclusion, les préconisations géotechniques ne sont pas optionnelles. Elles font partie intégrante de la conception technique de votre maison, surtout dans un contexte de sols sensibles comme les argiles. Le constructeur est responsable de leur application, et vous êtes parfaitement fondé à refuser de les prendre à votre charge ou de les gérer en direct avec des artisans non qualifiés pour ce type d’intervention.
Cordialement.
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